Apataki, le 26/07/2005

Bonjour à tous !

Après deux jours de navigation entre Tahiti et les Tuamotu, nous apercevons enfin les premiers atolls du plus grand archipel du Pacifique. Nous sommes en route vers Apataki, un atoll habité sur lequel nous retrouverons Paul, le cousin de maman et sa femme Fanny. Alors que nous sommes à 15 milles de notre destination, une de nos lignes de pêche qui traîne derrière Constance se tend brusquement et se met à partir de gauche à droite. Après de nombreuses manœuvres précipitées, nous remontons dans le cockpit un somptueux mahi-mahi, une dorade coryphène de14 kilos !!!!!!! C’est notre record, depuis notre départ de France ! Toutefois, la manœuvre a bien ralenti le bateau et nous tentons tant bien que mal d’atteindre Apataki avant la tombée de la nuit. Enfin, nous arrivons. Paul et Fanny viennent à notre rencontre à bord d’une petite barque. Nous nous mettons à couple de Bannister, un bateau hollandais que nous connaissons depuis la Patagonie. Un autre bateau français qui est aussi une vieille connaissance arrive juste après nous. Les retrouvailles sont chaleureuses. Pour célébrer l’évènement, Paul et Fanny organisent un grand ma’a, un festin polynésien. Des habitants du village sont aussi invités et parmi eux des enfants dont je fais la connaissance. Le lendemain, c’est l’anniversaire de Maman mais comme nous n’avons pas eu le temps de préparer quoi que ce soit, nous décidons de le remettre au lendemain. Nous allons tous au mariage de deux habitants, Adèle et Yannick. Tout le monde en parle, c’est le premier mariage à Apataki depuis deux ans !
Ce soir là, nous allons avec Bannister et Néos chez Paul et Fanny et nous fêtons quand même l’anniversaire de Maman. Augustin et moi passons tous nos temps libres à préparer ses cadeaux. Augustin lui fait des boucles d’oreilles en nacre et moi un petit tableau sur un carreau de carrelage. Dimanche, grand rassemblement chez Paul et Fanny qui ont décidé de nous initier à la plongée sous-marine en bouteille. Bannister et Néos savent déjà faire et ils vont faire leurs entraînements plus loin tandis que Fanny nous fait subir  un entraînement de débutant dans deux mètres de fond. En fin d’après-midi, nous allons hors de la passe pour plonger beaucoup plus profond, prés du platier de corail. Maman et moi partons devant les garçons avec les autres bateaux et Paul et Fanny. Il y a aussi Lionel, un ami plongeur. Les garçons nous rejoignent en kayak mais, étant donné l’état d’Augustin, ils préfèrent rentrer : Augustin a une grosse grippe qui le tient depuis notre arrivée à Apataki. Maman non plus ne se sent pas de plonger. Finalement, je suis la seule à descendre et j’atteins mon record : 6mètres de fond ! Ce soir là, nous fêtons l’anniversaire de Maman sur Constance, avec Paul et Fanny.
Mardi soir, Papa va chasser avec Bannister et Paul. Paul flèche un superbe «bec de cane», poisson délicieux. Mais nous ignorions que ce bec de cane là était ciguaterré c’est-à-dire, toxique. Le lendemain, Paul et Fanny viennent avec le poisson et tout le monde en mange sauf moi qui sentit mon appétit se couper. Papa n’en revient pas. C’est vers le soir que les symptômes commencent à se montrer. Augustin se sent épuisé au niveau des jambes comme s’il avait couru des kilomètres et des kilomètres. Papa est pris, tout comme Paul ,d’une horrible diarrhée et a une impression de brûlure chaque fois qu’il passe ses mains sous l’eau. Maman se sent épuisée. Vers la nuit, Maman est prise de deux petites crises durant lesquelles elle respire mal. Le matin, en me réveillant, je la vois allongée dans le carré. Au moment où Papa se lève, elle est prise d’une troisième crise, beaucoup plus forte. Elle sent brusquement ses doigts se raidir. Du coup, je bondis de mon lit. Papa sort toutes les boites de médicaments d’urgences des toilettes, j’alerte Bannister, Augustin va voir Paul et Fanny. Bientôt, il y a tout un petit monde rassemblé dans le bateau. Augustin et Fanny vont prévenir l’infirmière qui arrive en bicyclette et fait une piqûre à Maman. La crise passe mais une quatrième survient de nouveau. Cette fois-ci, Papa va chez Paul et Fanny appeler un médecin à Papeete. Augustin et moi nous restons là-bas pour prendre notre petit déjeuner. Paul revient et nous rassure : la crise est passée et Maman se repose. Nous restons quelques heures chez eux puis nous rentrons au bateau.

Après la contamination de la ciguatera, les parents et Augustin passent essentiellement leur temps à se remettre. Augustin va souvent chez Paul et Fanny travailler sur l’ordinateur, Paul et Fanny travaillent sur leur bateau (ils sont très en retard dans leurs travaux de réparations). Et moi je m’ennuie. Je vais du bateau à la maison de Paul et Fanny et de la maison de Paul et Fanny au bateau. Un jour, un voilier québécois arrive à Apataki avec à son bord une fille de mon âge qui s’appelle Céline. Nous devenons amies et nous allons nous voir tous les jours. Son bateau, Amani, est une vraie foire flottante !Rien qu’à le voir de l’extérieur, c’est déjà le capharnaüm :bidons, seaux, sacs, planches de surfs, de boodis, cordes, voiles, qui semblent empilés, entassés à l’arrière ! A l’intérieur, pareil, la cuisine est encombrée de casseroles, de tasses, de saladiers, la petite table du carré est le bureau de Céline qui adore bricoler et dessiner. Elle est recouverte de ciseaux, de feuilles, de bouts de ficelles et de scotch, de feuilles du cours du CNED…Son père dort dehors, son cousin qui est avec eux depuis 4 mois sur une banquette du carré et sa mère je ne sais même pas où. Elle, elle a sa petite cabine personnelle à l’avant. Céline se familiarise aussi avec les autres enfants et elle est invitée à un anniversaire. Du coup, elle décide de faire une boîte à bijoux en feuilles de palmiers tressées. J’essaye de l’aider mais je ne suis pas aussi douée qu’elle en tressage.
Nous faisons à Apataki la connaissance de Papa Soleil et de sa seconde femme. Ils passent leurs temps à tresser des feuilles de palmiers pour en faire des toits. Céline et moi essayons de les imiter. Maman les filme pour en faire un reportage qu’elle compte ensuite leur donner.
Un jour, une vieille connaissance arrive à son tour dans l’atoll. Il s’agit d’Anastasia, avec à son bord, Guillaume, un bon copain à nous (surtout à moi). Son arrivée nous remonte le moral et nous passons de chouettes soirées avec lui chez Paul et Fanny.
Mais cela fait bien 2 semaines que nous sommes à Apataki et nous n’avons toujours pas fait ce que nous voulions vraiment faire : pêcher, plonger dans l’eau claire, chasser des kaveu ou crabes de cocotier. Nous décidons de quitter le village pour aller dans l’atoll profiter des dernières journées qu’il nous reste avant de retourner à Tahiti. Nous partons donc après avoir dit au revoir aux amis d’Apataki, à Paul et Fanny, à Guillaume et à Amani (Bannister et Néos sont déjà partis). Nous portons une bouteille de coquillages des Gambier à la femme de Papa Soleil.
Sitôt partis dans l’atoll, nous nous dirigeons vers le motu Totoro où habite un certain Asam que Paul et Fanny connaissent bien. Nous nous rendons sur le motu le lendemain et allons de l’autre côté, là où la houle du Pacifique s’écrase avec violence sur le platier. Il vente à décorner les bœufs. Nous ramassons plein de coquillages et Augustin trouve le plus beau de tous, une magnifique porcelaine. Le surlendemain, nous décidons d’aller plus loin au nord. Maman a commencé un atelier de bijoux en coquillage et elle passe ses journées à monter des colliers et des boucles d’oreilles, assise dans le cockpit, la table d’en dehors recouverte de fils, de perles et de coquillages. Arrivé dans un nouveau mouillage, Papa et moi débarquons à la recherche de cocos car ce soir nous avons décidé de chasser le kaveu, ou crabe de cocotier. Ce sont des espèces d’énormes bernard-l’ermite délicieux. Nous avons du mal à trouver des cocos :dés qu’il leur en tombe une sous leurs pattes, les bernard-l’ermite se font un devoir de la vider. Ils pullulent sur le motu. Pour chasser le kaveu, il faut ouvrir des cocos en deux et les suspendre aux cocotiers vers 4h de l’aprém puis aller surprendre les kaveu en pleine nuit. Mais là nous sommes déçus, à part quelques bernard-l’ermite, il n’y a rien sur les cocos. Trop de lumière, les kaveu ne sortent jamais à la pleine lune. Le lendemain, Papa et moi essayons une chasse plus fructueuse, la pêche aux bénitiers. Les bénitiers sont d’énormes coquillages enfoncés dans les patates de corail, de la même espèce que l’huître mais qui n’y ressemblent pas du tout. Pour les pêcher, nous a expliqué Asam, il faut enfoncer un tournevis dedans et les arracher du corail. Ça marche bien et Papa et moi rentrons au bateau avec un plein seau de bénitiers que nous allons vider sur la plage. Maman ne perd pas une occasion pour aller sur le platier où elle récolte des coquillages et des épines d’oursins crayons, des oursins énormes paraît-il. Nous passons 4-5 jours dans ce petit paradis mais il faut penser à  retourner à Tahiti pour récupérer nos passeports et faire mille choses encore. Nous décidons de finir notre séjour à Apataki en visitant la ferme perlière de Paul et Fanny. Nous donnons rendez-vous à la radio avec Fanny et nous nous rendons vers leur ferme qui est sur une patate juste devant le village. Fanny nous rejoint sur un bateau à moteur et, après les retrouvailles, nous montons sur la ferme. Fanny nous fait tout visiter :le bureau, les bassins dans lesquels se trouvent les nacres, la préparation des greffons, petits morceaux du manteau de la nacre, que l’on introduit dans une autre nacre pour donner sa couleur à la perle, la sur-greffe c’est-à-dire, le moment où l’on sort la perle au bout de 18 mois et (si la nacre est toujours bonne), on rajoute un second nucléus pour faire une seconde perle, et enfin la greffe, c’est-à-dire le moment où l’on introduit pour la première fois dans la nacre un greffon et un nucléus. Le nucléus est une petite bille en plastique que l’on met dans la nacre afin qu’elle se fasse enrober de nacre pour donner une perle. La visite terminée, nous retournons au village sur le bateau et passons la soirée avec Paul et Fanny et Coco, un employé de la ferme qui s’occupe des bureaux. Puis nous retournons sur le bateau, larguons les amarres, hissons la grand-voile et après un dernier geste d’adieu à Paul et Fanny, nous filons dans la nuit noire en directions de Tahiti.
Solène

 
 


Notre record !


Maha chez Paul et Fanny


Mariage d'Adèle et Yannick


Initiation à la plongée en bouteille